Hé bien, puisque vous voulez que je parle d'autre façon ; souffrez, Madame, que je me mette ici à la place de mon Père ; et que je vous avoue, que je n'ai rien vu dans le monde de si charmant que vous ; que je ne conçois rien d'égal au bonheur de vous plaire ; et que le titre de votre Époux est une gloire, une félicité, que je préférerais aux destinées des plus grands Princes de la Terre. |
|
Comment
|
J'y ai pourvu, mon Père, et j'ai fait apporter ici quelques bassins d'Oranges de la Chine, de Citrons doux, et de Confitures, que j'ai envoyé quérir de votre part. |
|
Comment
|
Est-ce que vous trouvez, mon Père, que ce ne soit pas assez ? |
|
Question
|
Avez-vous jamais vu, Madame, un Diamant plus vif que celui que vous voyez que mon Père a au doigt ? |
|
Question
|
Il l'ôte du doigt de son Père, et le donne à Mariane. |
|
Comment
|
C'est un présent que mon Père vous a fait. |
|
Comment
|
N'est-il pas vrai, mon Père, que vous voulez que Madame le garde pour l'amour de vous ? |
|
Question
|
Mon Père, ce n'est pas ma faute. |
|
Comment
|
Vous êtes cause, Madame, que mon Père me querelle. |
|
Comment
|
Qu'est-ce, mon Père ? |
|
Question
|
En attendant qu'ils soient ferrés, je vais faire pour vous, mon Père, les honneurs de votre Logis, et conduire Madame dans le Jardin, où je ferai porter la collation. |
|
Comment
|
Pour votre Mère, elle n'est pas tout à fait déraisonnable, et peut-être pourrait-on la gagner, et la résoudre à transporter au Fils le don qu'elle veut faire au Père. |
|
Comment
|
Mais le mal que j'y trouve, c'est que votre Père est votre Père. |
|
Comment
|
Attendez ; si nous avions quelque Femme un peu sur l'âge, qui fût de mon talent, et jouât assez bien pour contrefaire une Dame de qualité, par le moyen d'un train fait à la hâte, et d'un bizarre nom de Marquise, ou de Vicomtesse, que nous supposerions de la Basse Bretagne ; j'aurais assez d'adresse pour faire accroire à votre Père que ce serait une Personne riche, outre ses Maisons, de cent mille écus en argent comptant ; qu'elle serait éperdument amoureuse de lui, et souhaiterait de se voir sa femme, jusqu'à lui donner tout son bien par Contrat de mariage ; et je ne doute point qu'il ne prêtât l'oreille à la proposition ; car enfin, il vous aime fort, je le sais : mais il aime un peu plus l'argent ; et quand ébloui de ce leurre, il aurait une fois consenti à ce qui vous touche, il importerait peu ensuite qu'il se désabusât, en venant à vouloir voir clair aux effets de notre Marquise. |
|
Comment
|
Voilà mon Père. |
|
Comment
|
Puisque vous n'y allez pas, mon Père, je m'en vais les conduire. |
|
Comment
|
Ne croyez pas que ce soit, mon Père, pour vous en dégoûter ; car Belle-Mère pour Belle-Mère, j'aime autant celle-là qu'une autre. |
|
Comment
|
Écoutez, il est vrai qu'elle n'est pas fort à mon goût ; mais pour vous faire plaisir, mon Père, je me résoudrai à l'épouser, si vous voulez. |
|
Comment
|
C'est une chose, mon Père, qui peut-être viendra ensuite ; et l'on dit que l'amour est souvent un fruit du mariage. |
|
Comment
|
Hé bien, mon Père, puisque les choses sont ainsi, il faut vous découvrir mon cœur, il faut vous révéler notre secret. |
|
Comment
|
Oui, mon Père. |
|
Comment
|
Si j'en dois croire les apparences, je me persuade, mon Père, qu'elle a quelque bonté pour moi. |
|
Comment
|
Oui, mon Père, c'est ainsi que vous me jouez ! |
|
Comment
|
Ne suis-je pas ton Père ? |
|
Question
|
Hé quoi, à votre Père ? |
|
Question
|