C'est une Fille, qui me plaît ; et que j'aime de tout mon cœur. |
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Si bien donc, cher Gusman que Done Elvire, ta Maîtresse, surprise de notre départ, s'est mise en campagne après ; et son cœur, que mon Maître a su toucher trop fortement, n'a pu depuis vivre sans le venir chercher ici ; Veux-tu qu'entre nous, je te dise ma pensée, j'ai peur qu'elle soit mal payée de son amour, que son voyage en cette ville produise peu de fruit, et que vous eussiez autant gagné à ne bouger de là. |
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Vous l'aimez de tout votre cœur ? |
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Question
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ton Maître t'a-t-il découvert son cœur là-dessus, et t'a t-il dit qu'il eût pour nous quelque froideur qui l'ait obligé à partir ? |
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Question
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Et je ne mâche point ce que j'ai sur le cœur. |
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Comment
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Je ne sais pas de vrai quel homme il peut être, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie, et je ne comprends point comme après tant d'amour et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de vœux, de soupirs, et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés, tant de transports enfin, et tant d'emportements qu'il a fait paraître, jusques à forcer dans sa passion l'obstacle sacré d'un Convent pour mettre Done Elvire en sa puissance, je ne comprends pas, dis-je, comme après tout cela il aurait le cœur de pouvoir manquer à sa parole. |
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Je trahirais mon cœur, de parler d'autre sorte ; |
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je sais mon Don Juan sur le bout du doigt, et connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde ; il se plaît à se promener de lieux en lieux, et n'aime point à demeurer en place. |
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C'est contre le Péché que son cœur se courrouce, |
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tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on n'ait plus d'yeux pour personne ; la belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur, d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse pour toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux ; non non, la constance n'est bonne que pour des ridicules : toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première, ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cœurs ; pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence où elle nous entraine ; J'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon âme à faire une injustice aux autres ; Je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et je rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige ; quoi qu'il en soit je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable, et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous : les inclinations naissantes après tout ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement : on goûte une douceur extrême à réduire, par cent hommages, le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on fait, à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme qui a peine à rendre les armes, à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu'elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur, et à la mener doucement où nous avons envie de la faire venir ; mais lorsqu'on est maître une fois, il n'y a plus rien à dire ni rien à souhaiter, tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d'un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d'une conquête à faire ; enfin il n'est rien de si doux que de triompher de la résistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent point se résoudre à borner leurs souhaits ; il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs, je me sens porté à aimer toute la terre, et comme Alexandre je souhaiterais qu'il y eût d'autres mondes pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. |
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Vertu de ma vie, comme vous débitez ; il semble que vous ayez appris par cœur cela, et vous parlez tout comme un Livre. |
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Il est question de te dire qu'une jeune beauté me tient au cœur, et qu'entraîné par ses appas, je l'ai suivie jusque dans cette Ville. |
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Jamais je n'ai vu deux personnes être si contents l'un de l'autre, et faire éclater plus d'amour : la tendresse visible de leurs mutuelles ardeurs me donna de l'émotion, j'en fus frappé au cœur, et mon amour commença par la jalousie ; oui je ne pus souffrir d'abord de les voir si bien ensemble ; le dépit alluma mes désirs, et je me figurai un plaisir extrême à pouvoir troubler leur intelligence, et rompre cet attachement, dont la délicatesse de mon cœur se tenait offensé ; mais jusqu'ici tous mes efforts ont été inutiles, et j'ai recours au dernier remède ; cet Époux prétendu doit aujourd'hui régaler sa Maîtresse d'une promenade sur mer, sans avoir rien dit, toutes choses sont préparées pour satisfaire mon amour, et j'ai une petite barque et des gens, avec quoi fort facilement je prétends enlever la belle. |
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Oui, je vois bien que vous ne m'attendiez pas, et vous êtes surpris à la vérité, mais tout autrement que je ne l'espérais, et la manière dont vous le paraissez me persuade pleinement ce que je refusais de croire ; j'admire ma simplicité, et la faiblesse de mon cœur, à douter d'une trahison que tant d'apparences me confirmaient : j'ai été assez bonne, je le confesse, ou plutôt assez sotte pour vouloir me tromper moi-même, et travailler à démentir mes yeux et mon jugement. |
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Mes justes soupçons, chaque jour, avaient beau me parler, j'en rejetais la voix qui vous rendait criminel à mes yeux, et j'écoutais avec plaisir mille chimères ridicules qui vous peignaient innocent à mon cœur ; mais enfin cet abord ne me permet plus de douter, et le coup d'œil qui m'a reçue m'apprend bien plus de choses que je ne voudrais en savoir : Je serai bien aise pourtant d'ouïr de votre bouche les Raisons de votre départ. |
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Vois tu, Charlotte, il faut comme dit l'autre que je débonde mon cœur, je t'ayme, tu le sais bian, et je sommes pour être mariés ensemble, mais, morguenne, je ne suis point satisfait de toi. |
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Non, quand ça est, ça se voit, et l'on fait mille petites singeries aux personnes, quand on les aime du bon du cœur : regarde la grosse Tomasse comme elle assotie du jeune Robain, alle est toujou entour de ly à l'agacer, et ne le laisse jamais en repos, toujou elle y fait queuque niche, ou ly baille queuque taloche en passant ; et l'autre jou, qu'il était assis sur un escabeau, al fut le tirer dessous ly et le fit choir tout de son long par tarre ; jarny vla où l'on voit les gens qui aimant, mais toi tu ne me dis jamais mot, t'es toujou là comme une vraie souche de bois, et je passerois vingt fois devant toi que tu ne te grouillerais pas pour me bailler le moindre coup, ou me dire la moindre chose, ventre guienne ça n'est pas bian apres tout, et t'es trop froide pour les gens. |
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Moi, me railler de vous, Dieu m'en garde, je vous aime trop pour cela, c'est du fond du cœur que je vous parle. |
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Je sais comme je parle, et le Ciel voit mon cœur. |
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non, non, c'est profaner tant de beauté, et vous n'êtes pas née pour demeurer dans un Village ; vous méritez sans doute une meilleure fortune, et le Ciel qui le connaît bien m'a conduit ici tout exprès pour empêcher ce mariage, et rendre justice à vos charmes ; car enfin, belle Charlotte, je vous aime de tout mon cœur, et il ne tiendra qu'à vous que je ne vous arrache de ce lieu misérable, et ne vous mette dans l'état où vous méritez d'être ; cet amour est bien prompt sans doute ; mais quoi ! |
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Eh Charlotte, je vois bien que vous ne me connaissez pas encore, vous me faites grand tort de juger de moi par les autres ; et s'il y a des fourbes dans le monde, des gens qui ne cherchent qu'à abuser des filles, vous devez me tirer du nombre, et ne pas mettre en doute la sincérité de ma foi ; et puis votre beauté vous assure de tout ; quand on est faite comme vous, on doit être à couvert de toutes ces sortes de créances ; vous n'avez point l'air, croyez-moi, d'une personne qu'on abuse, et pour moi, je vous l'avoue, je me percerais le cœur de mille coups si j'avais eu la moindre pensée de vous trahir. |
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Mais les Dévots de cœur sont aisés à connaître. |
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Monsieur, je suis le vôtre de tout mon cœur. |
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tous les discours n'avancent point les choses, il faut faire et non pas dire, et les effets décideront mieux que les paroles ; aussi n'est-ce rien que par là que je veux vous mettre d'accord, et l'on verra quand je me marierai laquelle des deux a mon cœur ; |
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Qu'il touche votre cœur, et qu'il vous serait doux |
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