Mon oncle veut résolument que ma cousine épouse Villebrequin, et les affaires sont tellement avancées que je crois qu'ils eussent été mariés dès aujourd'hui, si vous n'étiez aimé ; mais comme ma cousine m'a confié le secret de l'amour qu'elle vous porte, et que nous nous sommes vues à l'extrémité par l'avarice de mon vilain oncle, nous nous sommes avisées d'une bonne invention pour différer le mariage. |
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Comment
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Ce n'est pas cela : c'est qu'il faut que tu contrefasses le médecin. |
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Je suis prêt à faire tout ce qu'il vous plaira ; mais pour faire le médecin, je suis assez votre serviteur pour n'en rien faire du tout ; et par quel bout m'y prendre, bon Dieu ? |
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Question
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Mon Dieu, Monsieur, ne soyez point en peine ; je vous réponds que je ferai aussi bien mourir une personne qu'aucun médecin qui soit dans la ville. |
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Comment
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C'est-à-dire qu'il lui faudra parler philosophie, mathématique. |
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Comment
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Laissez-moi faire ; s'il est un homme facile, comme vous le dites, je vous réponds de tout ; venez seulement me faire avoir un habit de médecin, et m'instruire de ce qu'il faut faire, et me donner mes licences, qui sont les dix pistoles promises. |
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Comment
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Croyez-vous que ce ne soit pas le désir qu'elle a d'avoir un jeune homme qui la travaille ? |
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Question
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Voyez-vous la connexité qu'il y a, etc. |
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Comment
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Il est si savant que je voudrais de bon cœur être malade, afin qu'il me guérît. |
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Comment
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Hippocrate dit, et Galien par vives raisons persuade qu'une personne ne se porte pas bien quand elle est malade. |
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Comment
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Il n'importe : le sang du père et de la fille ne sont qu'une même chose ; et par l'altération de celui du père, je puis connaître la maladie de la fille. |
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Comment
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Monsieur le médecin, j'ai grand'peur qu'elle ne meure. |
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Qu'elle s'en garde bien ! |
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Comment
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Il ne faut pas qu'elle s'amuse à se laisser mourir sans l'ordonnance du médecin. |
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Comment
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Ne vous étonnez pas de cela ; les médecins, d'ordinaire, se contentent de la regarder ; mais moi, qui suis un médecin hors du commun, je l'avale, parce qu'avec le goût je discerne bien mieux la cause et les suites de la maladie. |
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Comment
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Mais, à vous dire la vérité, il y en avait trop peu pour asseoir un bon jugement : qu'on la fasse encore pisser. |
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Voilà tout ce qu'on peut avoir : elle ne peut pas pisser davantage. |
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Voilà une pauvre pisseuse que votre fille ; je vois bien qu'il faudra que je lui ordonne une potion pissative. |
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Comment
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Oui, ce grand médecin, au chapitre qu'il a fait de la nature des animaux, dit... |
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Comment
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cent belles choses ; et comme les humeurs qui ont de la connexité ont beaucoup de rapport ; car, par exemple, comme la mélancolie est ennemie de la joie, et que la bile qui se répand par le corps nous fait devenir jaunes, et qu'il n'est rien plus contraire à la santé que la maladie, nous pouvons dire, avec ce grand homme, que votre fille est fort malade. |
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Comment
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Je ne m'en souvenais pas ; j'ai tant d'affaires dans la tête, que j'oublie la moitié...
- Je crois qu'il serait nécessaire que votre fille prît un peu l'air, qu'elle se divertît à la campagne. |
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Comment
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Il faut avouer que tous ceux qui excellent en quelque science sont dignes de grande louange, et particulièrement ceux qui font profession de la médecine, tant à cause de son utilité, que parce qu'elle contient en elle plusieurs autres sciences, ce qui rend sa parfaite connaissance fort difficile ; et c'est fort à propos qu'Hippocrate dit dans son premier aphorisme : Vita brevis, ars vero longa, occasio autem praeceps, experimentum periculosum, judicium difficile. |
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Comment
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Vous n'êtes pas de ces médecins qui ne vous appliquez qu'à la médecine qu'on appelle rationale ou dogmatique, et je crois que vous l'exercez tous les jours avec beaucoup de succès : experientia magistra rerum. |
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Comment
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Les premiers hommes qui firent profession de la médecine furent tellement estimés d'avoir cette belle science, qu'on les mit au nombre des Dieux pour les belles cures qu'ils faisaient tous les jours. |
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Comment
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Ce n'est pas qu'on doive mépriser un médecin qui n'aurait pas rendu la santé à son malade, parce qu'elle ne dépend pas absolument de ses remèdes, ni de son savoir : Interdum docta plus valet arte malum. |
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Comment
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